Un petit planté

https://www.youtube.com/watch?v=4D2dVz5dMhs&feature=channel
Il faut attendre 2mn 10 pour voir Sodebo en course, mais ce n’est vraiment pas décevant. Le tri enfourne et en voyant à jusqu’à quelle hauteur le cul du bateau monte, je me dis que ça a pas du passer loin de la limite. En extrem 40, c’est devenu habituel, mais là ça m’a impressionné. Et Coville, impassible, qui parle d’un petit planté sur le ton de la conversation.
Sur le site, Sodebo annonce une moyenne de 21,4 nds depuis le départ, il a l’air d’être très motivé le Thomas. J’espère qu’il saura gérer la frontière, ténue sur ce genre d'engin, entre le très et le trop vite.

Le planté de bâton


Pour Sodébo, ça a l'air efficace.

C’est parti. Je vais suivre l’affaire de près. Je trouve le témoignage de Patricia Brochard (co-présidente Sodebo) assez touchant. C’est quand même pas rien de faire le tour de la terre…

un tel monstre de puissance seul, il y a des marins qui en ont quand même !

C'est sur que ça doit être plus excitant que de fabriquer à la chaîne des pizzas chez... Sodebo.

ceci étant, au sujet des gars qui passent leur temps à battre des records pour faire le tour de la planète, me revient en mémoire la fin de l'interview de Loïc Fougeron, qui lui aussi a consacré sa vie à passer les trois caps (avec les moyens de l'époque)

Q : Avez-vous des regrets ?

R : oui, toutes les escales que j'aurais pu faire et les pays où j'aurais pu aller et que je n'ai pas vus.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que j'entends cela de la part de coureurs des mers.

Un des grands aventuriers marins du 20° siècle, Jérôme Poncet des "Damien", avait été embarqué comme navigateur à bord d'un des bateaux de la Withbread en 1974, pour sa connaissance du grand Sud. Il avait écrit un papier moyennement apprécié intitulé "la course autour du vide"...

D'une manière générale, je pense que pas mal de navigateurs actuels (indépendemment de leurs qualités nautiques intrinséques évidentes) ont pour moteur premier le goût de la compétition avant tout. Ils auraient pu tout aussi bien se retrouver en finale de Roland Garros qu'au volant d'une Formule 1.

Ceci dit, effectivement, pour prendre seul la barre de tels monstres de puissance, oui, il faut une bonne paire de cojones...

Lorsque l’on voit le surf sur l’étrave, je pense qu’il faut une certaine expertise pour ce genre de figure. Je crois me souvenir, que Kersauson disait de Coville, que quand il prenait son quart de barre (sur le machin rose je crois, pendant les premiers records), le bateau allait tout de suite bien.
Pour faire un bref comparatif avec Poncet, il faut bien voir que ces tours du monde se faisaient en 150 à 200 jours. Il avait le temps de s’emmerder. Quand t’es en course, t’es pas en croisière. Et comme tu dis Guy, c’est un sport de haut niveau. Mais je le comparerais au ski ou à l’apnée plutôt qu’à la F1 ou au tennis.
Et rien n’empêche d’avoir plusieurs vies : Lamazou, Dubois, Jeantot…

Quant à l'entreprise, Sodebo aura toujours ma préférence à Groupama ou Banque Populaire.

on peut faire les deux! Et nombreux sont ceux qui l'ont fait. Après que LF, lui, soit passé à coté de quelque chose, c'est un cas très personnel mais qui ne peut (comme toujours) être généralisé

Ces gens font de la compétition car ils adorent les sensations que ces machines de rêves ( en ce domaine) apportent, et lorsqu'on commence à mordre là dedans, on y rentre complètement si on en a l'opportunité

clarivoile a écrit:

Ces gens font de la compétition car ils adorent les sensations que ces machines de rêves ( en ce domaine) apportent, et lorsqu'on commence à mordre là dedans, on y rentre complètement si on en a l'opportunité

Ah...si j'avais été bon , j'aurais eu de gros sponsors et même si j'aime bien fabriquer des bateaux à l'unité et un peu hors normes, c'est sûr que j'aurais aimer passer ma vie à régater en muti

mais sans sponsor, ça devient vite onéreux surtout en class micro (multi de moins de 8m) avec des déplacements assez lointains et des nuits à l'hôtel

chose....

Eliot a écrit:
Pour faire un bref comparatif avec Poncet, il faut bien voir que ces tours du monde se faisaient en 150 à 200 jours. Il avait le temps de s’emmerder. Quand t’es en course, t’es pas en croisière.

l'esprit de compétition, on l'a ou on ne l'a pas.

Poncet avait été choisi parce qu'à cette époque là, presque personne n'avait navigué dans le grand sud (mers énormes, icebergs, etc...). Mais où Poncet s'extasiait sur l'environnement, les autres avaient la tête dans le guidon et l'oeil sur le speedo en permanence.. d'où son sentiment. Ce n'est pas qu'il s'emmerdait, mais il ne rentrait pas dans la partie parce que ce n'était pas son truc.

Je ne porte pas de jugement en disant que l'un est mieux que l'autre.. ce sont deux choses différentes. Comme tu le dis, quand t'es en course, t'es pas en croisière.

Eliot a écrit: Pour faire un bref comparatif avec Poncet, il faut bien voir que ces tours du monde se faisaient en 150 à 200 jours. Il avait le temps de s’emmerder. Quand t’es en course, t’es pas en croisière.

Si on doit faire un comparatif le cas Moitessier serait plus adapté. Abandonner au bout de 300 jour une course qu'il menait pour se retaper un 1/2 tour du monde vers Tahiti, il devait pas si emmerder tant que cela en mer.
On peut souhaiter à Coville de "finir" comme Philippe Poupon qui après une très belle carrière de coureur au large navigue maintenant en grande croisière avec femme et enfants.
Comme quoi on peut aimer les deux, mais pas en même temps.

déjà lorsqu'il courait, il naviguait sur son "fleur d'austral" alu, qu'il a laissé assez longtemps dans le grand sud

Ulysse a écrit:Si on doit faire un comparatif le cas Moitessier serait plus adapté. Abandonner au bout de 300 jour une course qu'il menait pour se retaper un 1/2 tour du monde vers Tahiti, il devait pas si emmerder tant que cela en mer.

je n'ai jamais dit que Moitessier s'emmerdait en mer. Il s'emmerdait sur terre. C'était un compétiteur en solitaire. Je pense qu'il n'aurait pas embarqué pour une Witbread. Mais je me trompe peut-être (a-t-il fait une course en équipage du reste?). Poncet n'est pas un compétiteur, ce qui n'enlève rien à ses qualités d'aventurier et d'explorateur.

Coville est un marin exceptionnel (au sens hauturier), un sportif de haut niveau, et un régattier. Faut y aller pour rassembler autant de casquettes. Et il n'y en a pas tant que ça (Cammas, Josse,...).

Les courses et records autour du monde ont heureusement rééquilibré le rapport puissance/fiabilité dans la conception des multicoques.
Pour ceux qui s’intéressent à la conception et à l’équipement des multicoques pour solitaires voici une vidéo intéressante, tournée sur Sodebo entre la précédente tentative de record et le rhum.
Je trouve génial son idée de cellule de vie de plein pied sur le cockpit, en plus du froid et des embruns, ça le protège du bruit infernal qui règne à l'intérieur des coques en carbone. Dans le documentaire "Paroles de solitaires" il y a une séquence tournée dans le Géodis de Christophe Auguin dans le Vendée Globe 96/97. Entre les bruits des chocs de la coque et le hurlement continu du voile de quile, c'est infernal.
http://blogs.lexpress.fr/aularge/2011/01/29/les-rediffs-du-week-end-visite-de-sodebo-avec-thomas-coville/
Dans les premières minutes Thomas Coville explique les formes particulières de l’étrave et du pont pour améliorer le comportement du bateau en cas d’enfournement.
A voir à quel point Sodebo a pu lever le cul sans se mettre sur le toit, je me dis que Nigel Irens a plutôt bien rempli sa fonction d’architecte.

Ulysse a écrit:
A voir à quel point Sodebo a pu lever le cul sans se mettre sur le toit, je me dis que Nigel Irens a plutôt bien rempli sa fonction d’architecte.

Personnellement, je suis plus circonspect.
D'accord, la mer était mauvaise, mais sans doute pas plus qu'à de nombreux moments autour de l'antarctique. Et je suis inquiet de voir ce bateau enfourner aussi "facilement".

Je me souviens de Lionel Lemonchois qui expliquait qu'il n'avait pas eu peur de confier Gitana au pilote à 30 noeuds parce que ce bateau avait tendance à cabrer à l'accélération. Contrairement à beaucoup d'autres 60 pieds pourtant plus rapides

N'étant pas un pro de l'architecture navale, je ne veux pas polémiquer, mais il me semble que Sodebo est fortement inspiré du trimaran IDEC qui a quand même fait ses preuves dans le gros mauvais temps du grand sud.
Dans cette cidéo, Thomas Coville explique les conditions de mer qui ont occasionné les plantés du premier jour.
http://www.sodebo-voile.com/carnet-medias/videos.html - NEWS:résumé du 1er live

Ulysse a écrit:N'étant pas un pro de l'architecture navale, je ne veux pas polémiquer, mais il me semble que Sodebo est fortement inspiré du trimaran IDEC qui a quand même fait ses preuves dans le gros mauvais temps du grand sud.

Il y a des précédents d'excellents coureurs partis sur des bateaux dessinés par d'excellents architectes et qui ont eu malheureusement quelques soucis.
J'espère juste que son bateau a autant d'aptitude à ne pas enfourner qu'à ressortir.

Mais le dessin d'un bateau est toujours un assemblage de compromis et de choix, et tu as tout à fait raison, je ne suis pas non plus en mesure de juger de la qualité du dessin.

Et, à ce stade de préparation on peut espérer que Coville part en toute connaissance de cause.

j'ai bien le même sentiment que toi Daniel. En espérant que tout ira bien pour lui

Hello les potos'

heu... Thomas a déjà quelques courses a son actif avec ce même tri non ?? ( ou ais-je loupé quelque chose ??)

C'est bien le même Sodébo construit en 2006(?) ??
Peut être a t-il été "remanié" ??

Mauvais matossage ??

Le bateau aurait tendence a enfourner, ça se saurait non ?? ( depuis le temps qu'il cours avec... )

Jorginho a écrit:
C'est bien le même Sodébo construit en 2006(?) ??
Peut être a t-il été "remanié" ??

Mauvais matossage ??

Le bateau aurait tendance a enfourner, ça se saurait non ?? ( depuis le temps qu'il cours avec... )

Oui, c'est le même. Il a du faire quelques améliorations à droite et à gauche mais, en gros c'est le même.
Je doute que Thomas ne matosse à l'étrave...
C'est une figure qui ressemble à celle qu'on peut faire en HC18. Tu plantes le flotteur (sous le vent en général), le cul se lève et l'étrave enfournée sert de pivot. Si tu n'a pas largué le charriot (1m de charriot= 3m d'écoute), tu fais un soleil. Si tu largues (ce qu'il a fait), tu restes sotché, mais tu n'as pas dessalé

n'oublions pas qu'il était à la VHF ou au téléphone portable quand çà c' est passé .

Seul à bord il ne pouvait pas tout faire
- Faire plaisir à quelques cons qui voulaient à tout prix les dernières infos
et barrer intelligemment pour avaler les milles à donf' ne font pas bon ménage
- Imaginons un instant qu'il cassa quelque chose !! A qui la faute hein à qui

THOMAS a dit que s' il voulait battre le record il fallait raccourcir la distance
Où va-t-il pouvoir la raccourcir à part dans le grand SUD lorsqu'il tournera autour du pôle ?
Là-bas il va trouver beaucoup de glace à la dérive Sacré réchauffement

je ne crois pas qu'il était en communication à ce moment là. Le commentaire a été rajouté plus tard.

chomtranquil a écrit:
Où va-t-il pouvoir la raccourcir à part dans le grand SUD lorsqu'il tournera autour du pôle ?

je ne suis ces records que de loin.. donc grosses lacunes !

Justement, au sujet de la distance : je sais que depuis plusieurs éditions du Véndée Globe, les concurrents doivent laisser à TB des WP (marques de parcours fictives) pour ne pas descendre trop bas autour de l'Antarctique.

Pour cette tentative, en est-il de même, ou le parcours est-il libre ?

merci pour la réponse, les spécialistes...

chomtranquil a écrit:
Où va-t-il pouvoir la raccourcir à part dans le grand SUD lorsqu'il tournera autour du pôle ?

Exact, en faisant le tour sous l'eau, il y a moins de distance à parcourir.

a touché quelque chose la nuit dernière , un bout de dérive serait maquant...il n'a plus qu'à faire du portant

clarivoile a écrit:je ne crois pas qu'il était en communication à ce moment là. Le commentaire a été rajouté plus tard.

c' est exacte il raccroche sa VHF à 3Mns45 du début du film et 10 secondes après il se plantes à 3Mns55 .

on le voit tourner sa barre mais trop tard .

Mais tout çà pour dire que s' il avait été tranquille je pense que ce ne serait pas arrivé .


MELACOUP'PAS

Eliot a écrit:
C'est une figure qui ressemble à celle qu'on peut faire en HC18. Tu plantes le flotteur (sous le vent en général), le cul se lève et l'étrave enfournée sert de pivot. Si tu n'a pas largué le charriot (1m de charriot= 3m d'écoute), tu fais un soleil.

perso, en multi, je trouve qu'il est plus rapide de choquer l’écoute de la voile d'avant et quand elle bat, elle décroche les filets d'air sous la GV qui de ce fait n'amène plus le bateau au lof en sortie de plante.....

j'ai pu le verifier 3 fois et à l'inverse, j'ai vu 1 my cat, 1 coorneel 26 et un KL 28 se mettre sur le toit alors que les mecs etaient encore à filer, qui du charriot, qui de l'ecoute de GV, mais le foc toujours bordé

Batelier a écrit:
perso, en multi, je trouve qu'il est plus rapide de choquer l’écoute de la voile d'avant et quand elle bat, elle décroche les filets d'air sous la GV qui de ce fait n'amène plus le bateau au lof en sortie de plante.....

j'ai pu le verifier 3 fois et à l'inverse, j'ai vu 1 my cat, 1 coorneel 26 et un KL 28 se mettre sur le toit alors que les mecs etaient encore à filer, qui du charriot, qui de l'ecoute de GV, mais le foc toujours bordé

D'autant plus que le ralentissement fait adonner le vent apparent et le fait de choquer la GV la maintient propulsive avec une orientation qui accentue le couple d'enfournement.
En Dart, on s'était amusé à tester deux méthodes ; choquer en grand la GV ou la border (très vite) et abattre. La deuxième s'est avérée efficace. La GV décroche, et l'écoulement n'étant plus laminaire, son rendement baisse de plus de 60%.

Je serais assez d'accord avec ça dans le cas présent puisqu'il navigue sous GV arrisée et genak. dans une configuration GV et "petit genoa", je m'interroge

Je ne parle pas de lui.
Dans une vacation Thomas Coville a dit que lors du gros planté il a commencé par abattre. Puis, comme ça ne suffisait pas , il a choqué la GV.
Est-ce que son système de largage automatique de GV n'intègre pas la "gîte" longitudinale?