petit texte 2
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petit texte 2
L'APPEL DU LARGE
Il avait l'allure déguingandée d'un étudiant poursuivi par ses études, des lunettes trop grandes qui lui tombaient sur le nez, l'air de toujours sortir de la lune. Son père, qui louait un anneau dans le port, avait acheté un Flirt de chez Jeanneau. Evidemment pour certains, cela ne dira peut-être pas grand'chose. Il faut dire qu'à cette époque, c'était compas de relèvement sur les amers, gonio dans la brume et sextant au large. Ce qui ne nous rajeunit pas. Le Flirt était un bateau en "plastique" de 6 m, destiné plus à la promenade à la journée qu'à la croisière, même côtière. Celui-ci était en version dériveur lesté.
Il venait à la capitainerie, nous demander le dernier "Loisir Tonique", ou un "Voiles et Voiliers", il avait lu Le Toumelin, Moitessier et les autres. Nul doute qu'il ait parcouru dans sa chambre ses plus grandes navigations.
Le plus drôle, c'est quand il s'entraînait à sortir du port avec le Flirt, sanglé dans sa brassière, harnaché par force 2. Il faut bien un début à tout!...
Depuis le printemps, on le voyait de plus en plus souvent à bord. Et un jour on apprit qu'il avait en tête d'aller "au large...". C'était vague, c'est le cas de le dire. Pressé de questions, il finit par nous dire qu'il pensait aller aux Açores ! Il me proposa d'aller voir son bateau : l'intérieur était rempli de vieille mousse récupérée sur des flotteurs de pontons cassés, amarrée par de la ficelle de boucher. Le peu de place restante envahie par des packs de lait. Le bateau était strictement d'origine, voiles, gréément, hublots, rien n'avait été changé, ni renforcé...
Est venu le jour du grand départ. Disposant quand même d'un petit moteur HB, il est venu nous demander de le sortir avec la pilotine du port, car "chargé comme il était, il avait peur de ne pas être manœuvrant !". Je l'ai donc sorti des jetées, et lui ai demandé s'il connaissait au moins son cap : je n'ai pas entendu la réponse, il venait de se prendre la bôme dans la tête lors d'un empannage involontaire !
Et vogue la galère... "encore un qui n'ira pas bien loin". C'était l'opinion générale à la capitainerie.
Il avait comme copain l'employé d'un shipchandler, qui reçut quelque temps après une carte postale d'Horta. Il avait mis pratiquement trois semaines pour rallier Faïal, avec une mise à la cape de deux jours.
Les cartes suivantes arrivèrent de Madère et des Canaries.
La fin de cette histoire de mer, c'est que le Flirt et son capitaine traversèrent l'Atlantique, puis la Mer des Antilles (avec un peu de casse), passèrent Panama. Pour ma part, j'ai perdu la trace aux Marquises...
Il avait l'allure déguingandée d'un étudiant poursuivi par ses études, des lunettes trop grandes qui lui tombaient sur le nez, l'air de toujours sortir de la lune. Son père, qui louait un anneau dans le port, avait acheté un Flirt de chez Jeanneau. Evidemment pour certains, cela ne dira peut-être pas grand'chose. Il faut dire qu'à cette époque, c'était compas de relèvement sur les amers, gonio dans la brume et sextant au large. Ce qui ne nous rajeunit pas. Le Flirt était un bateau en "plastique" de 6 m, destiné plus à la promenade à la journée qu'à la croisière, même côtière. Celui-ci était en version dériveur lesté.
Il venait à la capitainerie, nous demander le dernier "Loisir Tonique", ou un "Voiles et Voiliers", il avait lu Le Toumelin, Moitessier et les autres. Nul doute qu'il ait parcouru dans sa chambre ses plus grandes navigations.
Le plus drôle, c'est quand il s'entraînait à sortir du port avec le Flirt, sanglé dans sa brassière, harnaché par force 2. Il faut bien un début à tout!...
Depuis le printemps, on le voyait de plus en plus souvent à bord. Et un jour on apprit qu'il avait en tête d'aller "au large...". C'était vague, c'est le cas de le dire. Pressé de questions, il finit par nous dire qu'il pensait aller aux Açores ! Il me proposa d'aller voir son bateau : l'intérieur était rempli de vieille mousse récupérée sur des flotteurs de pontons cassés, amarrée par de la ficelle de boucher. Le peu de place restante envahie par des packs de lait. Le bateau était strictement d'origine, voiles, gréément, hublots, rien n'avait été changé, ni renforcé...
Est venu le jour du grand départ. Disposant quand même d'un petit moteur HB, il est venu nous demander de le sortir avec la pilotine du port, car "chargé comme il était, il avait peur de ne pas être manœuvrant !". Je l'ai donc sorti des jetées, et lui ai demandé s'il connaissait au moins son cap : je n'ai pas entendu la réponse, il venait de se prendre la bôme dans la tête lors d'un empannage involontaire !
Et vogue la galère... "encore un qui n'ira pas bien loin". C'était l'opinion générale à la capitainerie.
Il avait comme copain l'employé d'un shipchandler, qui reçut quelque temps après une carte postale d'Horta. Il avait mis pratiquement trois semaines pour rallier Faïal, avec une mise à la cape de deux jours.
Les cartes suivantes arrivèrent de Madère et des Canaries.
La fin de cette histoire de mer, c'est que le Flirt et son capitaine traversèrent l'Atlantique, puis la Mer des Antilles (avec un peu de casse), passèrent Panama. Pour ma part, j'ai perdu la trace aux Marquises...
THAIS- Messages : 1882
Date d'inscription : 30/10/2009
Age : 72
Localisation : estuaire de la gironde
Re: petit texte 2
ça fait 30 fois que j' lis ça ! !
hautbanc- Messages : 9145
Date d'inscription : 11/01/2011
Age : 76
Localisation : pffffffffffff foutu hors de chez moi !!!!!!
Re: petit texte 2
hautbanc a écrit:ça fait 30 fois que j' lis ça ! !
C'est que tu aimes FLIRTER mon coquin
chomtranquil- Messages : 2391
Date d'inscription : 19/01/2010
Age : 57
Localisation : PERROS-GUIREC
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