Cap au Sud (2) - Bourg-Castets-Fourques

Partis entre 2 nuages, un coup de clignotant au bec d’Ambès, et c’est parti pour 60km de Garonne. 60km de courant marée qui arrive à Castets, avec des accélérations surprenantes à Cadillac et surtout à Langon. Pas rassuré de n'avoir que le moteur pour seul moyen de propulsion. Thais, aidé au champomy par Batelier, nous observent cachés dans les arbres (gamins va!). Une sorte de jonque-Freyssinet nous précède.


Du jus du jus
Voici Bordeaux, sous le soleil. Les nouvelles piles du pont levant, engendrent des accélérations et des remous énormes sur le coeficient modeste du jour. Comment c'est en vives eaux?...


Sous le pont de pierre ça rigole pas (je te l'avais dit Thais...)


Puis tout devient calme. On ne sera pas à 19h pour écluser. Pas grave.


Langon
Des admirateurs depuis le quai nous font des signes. On va pas s'arrêter quand même.

Castets
nous stoppons au ponton d’attente. Celui-ci est surveillé par un cerbère qui connait mon prénom. A bien y regarder, il s’agit en fait de Spi33 et de sa régulière, assis sur le talus, au cas où un membre du Bdbdm passerait (une occupation comme une autre). La passerelle ayant été volée (la 3eme), Il faudra impoviser un service de bac avec une petite annexe en alu amarrée ici providentiellement, pour (enfin) trinquer un verre de cote de Bourg, souvenir de l’escale précédente.
Gêné de ne pouvoir débarquer, l’opérateur d’astreinte, que j’avais appelé pour lui signaler mon retard, m’amènera le pain via annexe interposée. Et il est 20h passé.

Eclusage le matin à 8h30, au milieu de la brume de la Garonne et de la pierre noire de l’édifice, avec plus de 3m de chute. Elle est grosse cette écluse , mais elle bouillonne modérément.
Tout se passe bien, on a pris en remorque le youyou afin de le restituer, 2 écluses plus loin, à un couple habitant une péniche.


En sortant, un amas d’algues et de feuilles, nous oblige a manœuvrer comme on peut. On en prend partout : dans le safran, la quille, l’hélice.
Bienvenue sur la canal latéral.
Au ralenti avec toute cette famille végétale, (et l’annexe), nous arrivons à la péniche pour livraison. On repart 1/2h plus tard, en se disant que ça va mieux pousser. Mais je me rend compte que ça pousse pas terrible.
1 heure plus tard, alarme de chauffe…

Fais la bise à pépé Riquet en passant à Naurouze .......

Macno a écrit:Fais la bise à pépé Riquet en passant à Naurouze .......

Faut simplement que j'y arrive, mais j'irai poser une feuille de platane au pied de sa statue.

Eliot a écrit:En sortant, un amas d’algues et de feuilles, nous oblige a manœuvrer comme on peut. On en prend partout : dans le safran, la quille, l’hélice.
1 heure plus tard, alarme de chauffe…

Idéal pour faire un bon compost.
Et quand l'alarme de chauffe chante sa douce mélodie, c'est bon signe : c'est que ça commence à fermenter .....
Tu vas nous revenir tout bio

Gadloo a écrit:[u vas nous revenir tout bio

Je crois que la feuille de platane n'est pas un bon compost, elle ne pourrit pas. Mais je suis déjà tout bio (la biotée intérieure).

L’avantage des biefs, c’est que ça ne bouge pas d’un poil. Le soleil apparait, tant mieux j’ai besoin de lumière. Démontage du filtre, nettoyage, sale, mais sans plus, surtout du limon de la Garonne (et de la Dordogne).
Je démonte donc la pompe à eau, le rouet est en bon état. Pour faire plaisir, une vis du capot de la pompe reste collée au tournevis. Enfin, surtout sa tête…
Le corps étant encore parfaitement solidaire de l’instrument. Bon. Je remonte à la graisse.
Et je redémarre. Plus d’alarme, mais je trouve la pissette un peu juste...

Arrivés à l’écluse suivante, pong. On est échoué à 20m de l’entrée. On se croirait à Bourg si ce n’était amas de brindilles et de feuilles. En slalomant à droite, à gauche, on y arrive quand même. Un heure après, re-chauffe. Ah. Rien dans le filtre. Je démonte la tuyauterie, ouvre la vanne. Ça coule un filet. La crépine est obstruée. C’est un problème.
Je vais employer mes soirées à court-circuiter l’adduction par la vanne de sortie d’évier. Il suffira juste de penser à jeter l’eau de la salade ou l’égouttement des pates dans un sceau, sous peine de remplir la cale moteur des eaux de vaisselle.

Question : comment déboucher les amas contenus dans la crépine ci-dessous ?

z'avez 4h.

Poursuite malgré tout du chemin dans la féérie du début d’automne. Ecluse suivante, même punition, cette fois, impossible de passer. J’appelle l’astreinte VNF du Lot&Garonne, qui vient vite (elle était sur la route). Elle envoie de l’eau, mais rien n’y fait.

C’est un toc, un amas végétal, refoulé par les épanchoirs situés sur les cotés, en aval et amont des ouvrages. Je commence à regarder la pendule, et je me dis qu’on ne pourra atteindre Pont des sables, le bus, et la gare de Marmande à l’heure dite. Pas grave, il y a un autre train à 20h40.
Un gars sympa en ballade à vélo, nous regarde et comprend ce qui se passe. Il lâche sa monture, je lui lance une amarre. Il a l’air solide, il tient debout, il est content que la France ai battu l’Angleterre. Cet élan d’allégresse, fort utile, nous décoince et nous reprenons la route. Il est 17h.

La première écluse à toc :

On arrive à la halte, il y a un élargissement assez grand avant l’écluse. Paf. On plutôt pong. Dans le toc. A droite, du toc, à gauche du toc, marche arrière, du toc. Ça s’annonce mal notre histoire. On est échoué, coincé, et les promeneurs sont trop loin. J’appelle l’astreinte à nouveau, j’ai le responsable secteur qui vient de prendre son quart. Je lui explique la situation, lui relate les 2 touches précédentes. Je lui explique aussi que si je n’ai pas de solution extérieure, je me met au jus, et je vais tirer le bateau depuis le chemin de hallage.
Cette solution ne semble pas être une bonne idée à ses yeux. Il envoie… l’opérateur de Castets, en poste à Fontet. Mais seul, pourra-t-il tirer le bateau qui ne bouge pas d’un poil ? Pas sûr. Je gonfle l’annexe, dont j’avais dit du mal quelques heures auparavant, en me disant que je ne m’en servais jamais et qu’elle prenait trop de place. Pfft. Imbécile. Et me voilà à godiller avec mes 40m d’amarres vers la berge. J’y suis, je tire en rageant, ça décoince… Et me voilà à revenir vers le ponton d’attente de l’ouverture d’écluse, seule possibilité d’amarrage de cette rive du canal. On en reste là pour aujourd’hui…

Puis je reviens chercher l’annexe, l’opérateur est là, il m’a vu. Il s’est cogné 30 bornes pour rien, mais il est content de voir qu’on s’en est sorti.
Il est 19h30. Il attendu, nous a aidé à porter les paquetages, a pris les poubelles. Je lui suis reconnaissant. Et si VNF est une institution en crise, je remarque que les gens de terrain aiment leurs travails, les bateaux, mais n’ont pas beaucoup de reconnaissance.

Bon, à suivre…

Bibi, en action :

oupss ! ça ne fait que commencer les touchettes jusqu'à Agen il y a beaucoup d'eau

pour la crépine , va falloir te mouiller avec une ventouse débouche chiottes !!!!!!!!!

THAIS a écrit: pour la crépine , va falloir te mouiller avec une ventouse débouche chiottes !!!!!!!!!

Oui. Merci. Une autre idée ? Elle est loin cette fichue crépine, donc il va falloir que je plonge sous le bateau, et c'est pas éclairé...

Eliot a écrit:On arrive à la halte, .... blablabla .....Bon, à suivre…[/img]

Alors imagine tout ça mais avec un bateau de 70 tonnes !!!!
L'avantage, c'est que le soir, quand tu te retrouves posé à l'entrée de l'écluse qui vient de fermer parcequ'il est 7h moins le quart et que tu ne peux pas rejoindre la berge parce que le bateau est posé au milieu du chenal,
eh bah pas besoin de pare-bats, pas besoin d'amarres ....
Un patrimoine fluvial extraordinaire laissé à l'abandon.

Gadloo a écrit:Alors imagine tout ça mais avec un bateau de 70 tonnes !!!! Un patrimoine fluvial extraordinaire laissé à l'abandon.

t'avais la flemme de gonfler l'annexe... En plus tu fais x2 ma taille.

Alors 3 tonnes, 70 tonnes...

Je dis que tout cela est la faute à l'ingénieur.

Eliot a écrit:

THAIS a écrit: pour la crépine , va falloir te mouiller avec une ventouse débouche chiottes !!!!!!!!!

Oui. Merci. Une autre idée ? Elle est loin cette fichue crépine, donc il va falloir que je plonge sous le bateau, et c'est pas éclairé...

moi j'essaierais avec une pompe style gonflage pneus de voiture une fois bien étanché tu souffles à l'envers ça peut repousser l'amas de M**de qui est coincé dans la crépine et si ça fonctionne tu pourras toujours recommencer autant de fois que les feuilles de platane et autres vont revenir te voir

Eliot a écrit:

THAIS a écrit: pour la crépine , va falloir te mouiller avec une ventouse débouche chiottes !!!!!!!!!

Oui. Merci. Une autre idée ? Elle est loin cette fichue crépine, donc il va falloir que je plonge sous le bateau, et c'est pas éclairé...

souffler dans le tuyau sans avaler l'eau qui veut rentrer par le dit tuyau , et ne pas sombrer dans le canal suite à cette manoeuvre délicate , bon c'est pas trop grave , vu que tu touches déjà

spi33 a écrit:[moi j'essaierais avec une pompe style gonflage pneus de voiture une fois bien étanché tu souffles à l'envers ça peut repousser l'amas de M**de qui est coincé dans la crépine

oui, j'avais pensé envoyer de l'air, mais c'est pas complètement bouché, ça coule quand meme. Mais l'idée est intéressante, il me faudrait un petit compresseur, avec un clapet anti retour...

Gadloo a écrit:Un patrimoine fluvial extraordinaire laissé à l'abandon.

oui c'est vrai, qui aura le courage de remettre des ronds dans les canaux, quand la santé et les retraites sont dans le gouffre... Et à vrai dire, je m’attendais à ce genre de problème. Le toc, je connaissais pas. Même compulsif. Là, j’ai compris ce qui se passe : personne s’en aperçoit, car personne ne passe. Le marinier que j’ai croisé à Castets, descend jusqu’à la pente d’eau de Montech, avec un lux d’environ 35m (à l’œil). Au-delà, il ne peut plus, car VNF n’a pas alloué de budget de réparation pour la machinerie de la pente d'eau. Dommage, car son passage régulier donnerait un état des lieu des écluses et des biefs.
Il est optimiste pour l’année prochaine. 2012. Pas sûr, mais qui sait.

Eliot a écrit:

spi33 a écrit:[moi j'essaierais avec une pompe style gonflage pneus de voiture une fois bien étanché tu souffles à l'envers ça peut repousser l'amas de M**de qui est coincé dans la crépine

oui, j'avais pensé envoyer de l'air, mais c'est pas complètement bouché, ça coule quand meme. Mais l'idée est intéressante, il me faudrait un petit compresseur, avec un clapet anti retour...

Après avoir raccordé le gonfleur auto sur la vanne il te suffit de monter en pression (pas trop quand même ) et ensuite tu ouvres la vanne pour faire chasse d'air. Ce qui risque de manquer c'est une réserve d'air pour vraiment souffler.

j'ai réfléchi. Aidé d'un punch et d'un bon copain.
Si j'envoie de l'eau, ça peut aussi avoir l'effet recherché. Je me rapproche d'une halte avec eau sur le ponton, je bricole une connexion avec la vanne, j'ouvre le robinet du ponton, j'ouvre la vanne. La poussée hydraulique devrait avoir le même effet que l'air...

Eliot a écrit:j'ai réfléchi. Aidé d'un punch et d'un bon copain.
Si j'envoie de l'eau, ça peut aussi avoir l'effet recherché. Je me rapproche d'une halte avec eau sur le ponton, je bricole une connexion avec la vanne, j'ouvre le robinet du ponton, j'ouvre la vanne. La poussée hydraulique devrait avoir le même effet que l'air...

Ça me semble mieux, surtout que l'air risque de se comprimer si le bouchon est tenace et provoquer la casse de quelque chose "de l'autre côté". (vécu, le dégrippage d'un piston de frein moto à l'air comprimé "comme indiqué dans une revue pourtant bien technique" : Une connerie monumentale, heureusement que personne n'était devant le piston quand il est parti comme une balle.... (j'en conclue donc que les études techniques ne démontent que des trucs neufs et en parfait état... exactement le contexte dans lequel on ne démonte jamais...).

Eliot, tu devrais envoyer au directeur des VNF un lien vers ton fil ; ça lui ferait une petite chronique instructive à lire tous les matins en arrivant au bureau.

Ré si dive a écrit:Eliot, tu devrais envoyer au directeur des VNF un lien vers ton fil ; ça lui ferait une petite chronique instructive à lire tous les matins en arrivant au bureau.

Bonne idée, mais difficile de dire si la personne sera réceptive aux conseils avisés du Bdbdm.

Eliot a écrit:Si j'envoie de l'eau, ça peut aussi avoir l'effet recherché....

Pas mal c't'idee la...
Pense quand meme (dois je le preciser ?) a ne pas envoyer de pression vers le moteur...

Et sinon, ca fait quoi de naviguer "avec les vaches" ?
Moi j'adore ca !!!!
Nos fleuves zé rivieres cachent des secrets somptueux. Faut dire dans les Pays de la Loire, on est gaté !
Canoé, planche a voile, deriveur... Anexe a voile ou a moteur... LEs balades sont toujours superbes.



A+, Lolo

Le MS Tryphon, à l’accostage à Castets (Photo D. Hamilton)

lobass a écrit:Et sinon, ca fait quoi de naviguer "avec les vaches" ? Moi j'adore ca !!!!A+, Lolo

C'est très dépaysant de traverser la campagne en bateau.

C'est sûr que c'est un spectacle magnifique.
Du moins au coeur de la France profonde.
Ce n'est pas la même chose en Belgique. Je pense notamment à l'écluse de Charleroi où je suis resté bloqué 48 heures : un enfer.

Mais je suis devenu clostro avec ma 40 mètres : impossible de faire demi-tour.
Souvenir sur le Canal du Loing d'avoir dû faire deux biefs assez longs en marche arrière (y compris deux entrées d'écluse) pour cause d'écluse en rade.
Le bateau, bien sûr, ne reculant qu'en crabe et 36 tours de macaron pour faire faire 180° au gouvernail.

Bon, c'est vrai que ce qui est rigolo avec ces engins flottants ce sont les manoeuvres.
J'ai été servi.
Mais j'aime bien avoir le choix.

comme quoi il ne faut pas aller loin pour l'aventure ...
autrement pour le moteur avoir un grand tuyau au cas ou, pour pouvoir pomper l'eau par l'extétieur du bateau a l'ar plutot qu'en dessou ?

L'écluse 41, devant moi à 1/2 journée, est coincée, porte ouverte. C'est toi Gadloo?

@Motus, surement intéressant mais pas comprendre...

Fin des travaux sur écluse. La navigation peut reprendre : c'était pas Gadloo.

gusss a écrit:

Eliot a écrit:j'ai réfléchi. Aidé d'un punch et d'un bon copain.
Si j'envoie de l'eau, ça peut aussi avoir l'effet recherché. Je me rapproche d'une halte avec eau sur le ponton, je bricole une connexion avec la vanne, j'ouvre le robinet du ponton, j'ouvre la vanne. La poussée hydraulique devrait avoir le même effet que l'air...

Ça me semble mieux, surtout que l'air risque de se comprimer si le bouchon est tenace et provoquer la casse de quelque chose "de l'autre côté". (vécu, le dégrippage d'un piston de frein moto à l'air comprimé "comme indiqué dans une revue pourtant bien technique" : Une connerie monumentale, heureusement que personne n'était devant le piston quand il est parti comme une balle.... (j'en conclue donc que les études techniques ne démontent que des trucs neufs et en parfait état... exactement le contexte dans lequel on ne démonte jamais...).

attention quand même avec l'eau sous pression s'il n'y a pas d'air pour amortir dans une autre vie je testais les sertissages des raccords de tuyaux souples avec une pompe à eau car c'est pas compressible et bien quand ça lache ça fait du bruit il faut dire aussi qu'on montait à 30kg

pour le reportage et les jolies photos